Pour bien les recevoir, on les installa à la meilleure table. Devant chaque assiette étaient disposés plusieurs verres de cristal et une armée de couverts brillants. On leur présenta un repas fantastique, composé des mets les plus fins. Curieusement, les extraterrestres mangèrent, attention accrochez vous « la mousse de foie gras poêlée aux émulsions de caviar du panama » par ce que l’on croyait être leurs oreilles. Puis ils dégustèrent « le pavé de homard laqué aux oranges de Tokyo » par ce qui ressemblait à leur nez, avant de s’asseoir purement et simplement sur le camembert qui disparut d’un coup en un « plop » retentissant. Le dessert était si parfaitement délicieux que je ne peux vous le décrire sous peine de provoquer en vous une incurable mélancolie. À la fin du repas, chefs de cuisine, journalistes et diplomates attendaient un signe de leurs hôtes, le cou tendu d’impatience. La réaction fût encore une fois très décevante : « bah pas gougou ».
Pourtant, l’un des extraterrestres pointa un de ses 72 tentacules pour désigner un coin de la salle du restaurant. Il n’y avait là qu’un petit garçon en train de jouer avec une voiture. C’est lui qui comprit le premier et tendit sa miniature aux êtres venus d’ailleurs. Les deux créatures s’allongèrent sur la luxueuse moquette et poussèrent tout à la fois le jouet et des hoquets d’excitation. Terminés les « bah pas gougou », nos deux invités s’amusaient comme des fous.
A suivre ...
